Marie Bodiguian :
Alors, venons-en à la webconférence, à la prise de parole en public, en visio. Aujourd’hui, avec le confinement, des nouvelles moeurs en fait qui sont en train de s’installer avec la crise sanitaire, on est de plus en plus en prise de parole en public, en visio et des chefs d’entreprise qui n’avaient peut être pris jamais la parole de visu sont obligés aujourd’hui de pitcher en visio, de préparer une conférence, ne serait ce que via ta plateforme millésime.best ? Quels sont les conseils que tu pourrais donner pour réussir une prise de parole en visio ? Je dirais une visio webconférence, un webinaire, visio conférence ?
Jean-Philippe Ackermann :
Le premier conseil que je vais donner, c’est comment je me prépare, comment j’ai mis mon ordinateur. Quel est le décor qui est derrière moi ? Comment je suis habillé ? Quelle est ma verticalité ? C’est : comment je me prépare. Il faut que je sois à l’aise. Il faut qu’autour de moi, mon environnement, il soit plutôt favorable, qu’il m’inspire, que j’ai envie de donner quelque chose de sympathique. Ensuite, il faut quand même s’imaginer qu’il y a quelqu’un derrière quoi, c’est-à-dire que si j’imagine que je parle à une machine, je ne vais pas être bon quoi, il faut que je parle à des gens. Donc là, ben je sais que tous les deux, Marie, on est que tous les deux. Mais dans mon esprit, je me dis que puisque ça va passer sur LinkedIn, il va y avoir beaucoup de monde derrière. Si je faisais une émission web pour mes collaborateurs, si je pense que derrière, j’ai dix collaborateurs. Il faut que je vois ces dix collaborateurs. Il faut que je visualise mon public. En fait, c’est très, très important. Il faut que je fasse abstraction du lieu où je suis, de la machine, de l’ordinateur, de la caméra, il faut que je m’imagine.
Marie Bodiguian :
Quitte à mettre des photos en fait ? Moi, c’est ce que je dis à mes clients dans ma formation. Mettez des photos des personnes qui vous sont les plus proches comme si vous leur parliez.
Jean-Philippe Ackermann :
Oui, oui, mais au début, c’est déstabilisant. Mon premier webinaire que j’ai fait. Je t’avoue que je me suis dit « Mais à qui je parle ? ». Au début, j’étais pas bon parce que je parlais à une machine quoi, tu vois ? Et c’est tout de suite je me suis dit, et bien parle à un public, et dés que tu parles un public ça change tout.
Marie Bodiguian :
Alors du coup, ça, c’est la préparation et le mindset en fait, le mental. Maintenant, comment concrètement, on va dire techniquement, peut-on vraiment incarner dans la gestuelle face à un ordinateur ? Parce que tu vois, regarde, je suis là, on voit mes mains mais il faut vraiment que je les lève. Quand on est de visu, je veux dire c’est tout le corps, l’incarnation d’un message, c’est tout le corps et le langage non verbal qui parle. Là, on a le visage naturellement qui parle, mais on est quand même figé du reste du corps. Comment est ce qu’on peut faire pour vraiment arriver à incarner un message face à un écran ?
Jean-Philippe Ackermann :
Bien sûr c’est plus compliqué comme tu l’as, tu l’as dit, Marie, parce qu’on a pu, on a plus le corps, tu vois moi même mes mains, tu les vois pas. Pourtant, je bouge. Et en fait, je crois que il faut que se vouloir vocal. Il faut cette générosité soit encore plus forte parce que, justement, on ne voit que le visage. Il faut que ce visage, j’essaye autant que faire se peut qu’il soit expressif, qu’il soit souriant. Que je donne quelque chose et que les personnes en face aient envie de m’écouter et on revient sur parler avec le cœur. C’est plus facile pour donner ce message que si je parle avec ma tête. Alors c’est sûr que si je dois donner des chiffres, c’est plus. C’est parfois plus compliqué que si je dois donner de la motivation. Mais oui, mais tu as raison, c’est plus dur à incarner quand on est derrière une caméra que quand on est sur une scène. Je suis d’accord avec toi.
Marie Bodiguian :
Alors après, autre on va dire paramètre qui peut bloquer en fait aussi un chef d’entreprise et on va essayer de dénouer un petit peu tous les problèmes aujourd’hui, si on peut, c’est que non seulement en fait quand tu fais une conférence, on va dire de visu tu es face au public. Quand tu es là aujourd’hui, on est face à face ou si tu parles comme ça, tu es, tu sais qu’on voit toi, mais qu’en visio conférence, souvent, on se met des PowerPoint. Et là, du coup, on est dans une petite case. Est-ce que le PowerPoint est vraiment indispensable ?
Jean-Philippe Ackermann :
Tout dépend ce que j’ai à démontrer et à montrer. Moi, je pense que de plus en plus, j’enlève les PowerPoint de plus en plus, mais parfois oui, c’est utile parce que j’ai une démonstration à faire. C’est mieux s’il y a un dessin, c’est mieux s’il y a un schéma, c’est mieux s’il y a une situation, si bien que le PowerPoint, c’est pas mal non plus. Mais je crois que de plus en plus, les gens ce qu’ils veulent entendre c’est l’authenticité de quelque chose, de quelqu’un, son histoire.
Marie Bodiguian :
Du coup, on sait que l’on est dans un tout petit carré quand on a un PowerPoint. Je dirais en fait, mon réflexe de comédienne serait de te dire, il faut peut être exagérer le trait, caricaturer. Mais du coup, est ce que ça peut, pour des personnes qui n’ont pas l’habitude, faire quelque chose de surjoué. Comment on incarne dans un petit carré ?
Jean-Philippe Ackermann :
Je pense que quelqu’un qui n’a pas l’habitude, il vaut mieux qu’il reste lui même. Ça me paraît évident. Ce n’est pas la peine qui surjoue, c’est pas la peine qui force le trait. Il vaut mieux qu’il reste lui même. Par contre, il faut absolument qu’il joue sur la voix. Il ne faut pas qu’il ait une voix monocorde parce que là, on va le perdre. Ca veut dire que s’il prend un coach comme toi, qu’il le fasse jouer la voix, l’intonation de la voix, la façon de parler, les silences, la respiration, mais peut être pas jouer les mimiques, pas jouer parce que ça, c’est compliqué à faire. Et puis on sent quand c’est, quand c’est travailler, quand c’est jouer, quand c’est surjoué. Je pense qu’il vaut mieux qu’il travaille la voix, l’intonation, les hauts, les pleins, les déliés, le travail sur les consonnes, le travail sur les voyelles, ça me paraît être plus, plus fort.
Marie Bodiguian :
Moi je rajouterais en fait une chose, c’est que dans la préparation, vraiment se dire dans les tripes : qu’est-ce que j’ai envie, vraiment, que les gens fassent ? Après tu me parlais de la mission tout à l’heure. Comment est ce que j’ai envie d’aider les gens pour que véritablement, je les aide à changer ? Et du coup, ça part des tripes. Et là, je pense qu’on peut mieux incarner même dans un petit carré.
Jean-Philippe Ackermann :
Ca revient à ce qu’on disait tout à l’heure, Marie. C’est-à-dire, que je sois conférencier ou que je fasse une réunion. Tout part de ta légitimité. Ta légitimité, ce sont les tripes justement, c’est ce que tu as vécu, ce que tu as fait, etc. Et quand tu es patron, il faut que la personne ressente, que tu vibres et que tu vives ce que tu dis.
– Interview – Comment être à l’aise en visio derrière son ordinateur ?