Bernard Anselem bonjour, je suis vraiment tellement contente qu’on recommence. En fait, on avait déjà fait une interview sur comment gérer son stress qu’on va mettre là. Aujourd’hui on est en plein confinement, tu as sorti un livre qui s’appelle “Les talents cachés de votre cerveau au travail” et aujourd’hui, on est dans cette incertitude pour notre business et surtout dans cette anxiété avec le confinement. Donc, le sujet d’aujourd’hui comment rebondir pendant et après le confinement quand on est entrepreneur? Et en réalité, le contexte aujourd’hui, c’est que on voit qu’il y a une entraide, il y a une solidarité qui se met en place.

Toi même, tu partages beaucoup de choses sur les réseaux sociaux pour ton expertise, pour aider les gens à mieux se comprendre. Selon toi, qu’est-ce qui explique ce phénomène d’entraide? Et qu’est-ce qui peut nous permettre de rebondir aujourd’hui dans cette solidarité?

La première chose à faire dans cette période, c’est d’abord d’être bien avec soi même pour pouvoir diffuser, pour avoir l’énergie d’aller vers les autres et de continuer à développer son entreprise. Mais aussi pour donner envie aux autres de vous écouter, pour donner envie aux autres d’interagir avec vous.

Et donc, là, on a toute une gamme d’outils et il y a vraiment une boîte à outils entière de choses à faire dans les périodes de repos pour améliorer d’une part sa gestion du stress, sa capacité de décision, le fait d’interagir avec les autres. Mais pour être bien avec soi-même, il est très important d’avoir des liens relationnels, de maintenir et de développer ces liens relationnels. C’est le premier facteur de bien être, de santé mentale et de santé physique.

Cela va même retentir sur la santé physique. Donc, ça va très, très loin. C’est donc le premier facteur et en même temps, c’est un facteur important pour interagir sans se préoccuper du retour. Ça, c’est très important et on apporte les choses aux autres. Et donc, ce faisant les autres vont avoir une perception positive et ils vont pouvoir réagir, interagir ou pas.

Donc, en fait, dans le livre qui est là, tu parles du fait que nous naissons paramétrés dans l’entraide. Après plus ou moins en fonction des tempéraments. Et que notre cerveau est imitateur. Donc est-ce que cela signifie que certains entrepreneurs peuvent justement suivre le mouvement, rebondir et que ça peut en effet être bénéfique pour leur business? Par rapport au fait qu’ils vont s’ouvrir aux autres et créer des connexions ? Mais aussi pour eux-mêmes, parce que le focus n’est plus sur eux, mais sur les autres ?

En fait, il y a deux niveaux. Il y a un niveau conscient, c’est ce que l’on perçoit et les jugements que l’on porte. Et puis, il y a le niveau non conscient qui va être ce qu’on appelle la résonance émotionnelle, c’est-à-dire que l’on va percevoir dans le message, qu’il soit écrit, qu’il soit audio ou qu’il soit visuel. On va percevoir quelque chose de l’autre et cette perception est non consciente. Et cette perception va générer des émotions et des jugements et des envies de comportements chez nos partenaires.

Donc, ces deux niveaux vont être influencés par ce qu’on leur propose. Si on propose des choses positives. Et si nous, on a un état d’esprit positif, qu’on arrive à le diffuser. Et bien, on a plus de chances d’interagir avec les autres, bien entendu. Et ça se passe aussi bien au niveau conscient, en fonction de notre discours, de ce qu’on a à dire, d’intéressant, ce qu’on a apporter aux autres. Et c’est aussi en fonction de notre attitude qui, elle, va aussi aider à produire des émotions positives chez l’autre.

Donc les deux sont liés et donc je dirais même plus que les interactions sont liées, c’est-à-dire que moi, je vais interagir sur la personne à qui je m’adresse. Mais cette personne va interagir sur moi aussi. C’est ce que l’on appelle les cascades émotionnelles et les cascades de coopération. Les psychologues appellent cela des cascades de coopération, c’est-à-dire que si je coopère, l’autre va avoir envie de coopérer. Si, je viens juste pour lui vendre ce que je veux vendre.

L’autre va être en situation de défense. Donc, il faut d’abord commencer par donner sans attendre de retour. Et à partir de là, les choses se feront éventuellement ou pas, mais elles ont plus de chances de se faire. 

Donc Bernard, cela signifie qu’en fait, ça rejoint un petit peu ce que Robert Cialdini dit donc dans “Influence et manipulation” qui est là. Sur le principe de réciprocité: Mais “Donner sans attendre de recevoir”. C’est la nuance importante.C’est ça ?

D’abord commencer par donner, ne pas attendre de retour, et en commençant à donner à la fois des informations et des éléments émotionnels ou des éléments de comportement ou de jugements positifs. Eh bien, on va simplement provoquer des interactions positives chez l’autre, mais sans attendre de retour. Et c’est à partir de là que les choses se feront. Alors que si on attend le retour, on risque d’avoir une position un peu trop agressive qui va générer chez l’autre une position de défense.

Donc, est-ce qu’on peut dire, en fait, que ce mouvement de solidarité, de rendre service à ses prospects et à ses clients ou même à d’autres personnes permets en fait comme si l’on faisait faire grandir les autres et grandir soit même. Un peu comme cette image de faire grandir un enfant. On est tous enfant, par rapport à nos problèmes et donc, du coup à un moment donné, il sait s’en souvenir ou pas d’ailleurs. Et ça se fait, en fonction de la nature je dirais. 

Quand on élève un enfant, on n’attend pas de résultats immédiats effectivement. Et donc c’est pour lui qu’on le fait. Et dans notre cerveau, le fait de rendre service va activer les circuits de la récompense. Autant que si on reçoit quelque chose. Le fait de donner active les réseaux de la récompense et donc ça, c’est important à savoir. Et donc, ça nous fait du bien à nous-mêmes, déjà en premier.

Et ensuite, cela permet d’établir des relations plus riche et plus épanouissante avec les autres. Et c’est à partir de ces relations que l’on va pouvoir interagir avec les autres. Mais il ne faut pas inverser les choses. 

C’est-à-dire qu’ il ne faut pas commencer à arriver en demandant aux gens quelque chose parce que là, on aura l’effet inverse. Donc, il faut vraiment commencer par développer cet esprit de coopération qu’on a tous de naissance. Et c’est cet esprit de coopération va faire que les choses vont se passer.

Donc, en fait avoir conscience de ce don de soi va nous faire du bien. D’ailleurs, j’aime beaucoup citer l’Abbé Pierre qui disait “d’avoir donné toute ma vie, j’en ai plus reçu que d’avoir donné” et du coup, en fait, j’aimerais aussi reprendre la citation que tu as prise dans le livre de Zig Ziglar qui est un auteur et conférencier américain qui dit :”La vie est un telle un écho : ce que tu envoies, te revient; ce que tu sèmes, tu récoltes; ce que tu donnes, tu l’obtiens; et ce que tu vois dans les autres existe en toi.” C’est très puissant.

La dernière dernière phrase est importante :”ce que tu vois dans les autres existe en toi.” C’est-à-dire qu’on projette vers les autres que ce qu’on a en soi.

Donc, si on arrive à avoir en soi quelque chose de positif sur soi même, c’est-à-dire éviter l’autocritique, la dévalorisation et plutôt essayer de mettre en avant ces éléments positifs personnels, eh bien, on le retrouvera chez les autres.

Donc, en fait, concrètement, cela veut dire essayer de voir comment on peut rendre service, comment peut-on partager son expertise ? Comme tu le fais sur les réseaux sociaux. À ton avis, est-ce que les réseaux sociaux sont suffisamment puissants pour pouvoir permettre cette interconnexion? Je dirais cette entraide ?

Oui, alors effectivement, tout le monde peut partager une expertise. Chacun a une expertise. Vous savez des choses que je ne sais pas, je sais des choses que vous ne savez pas. Donc moi, j’apporte mon expertise professionnelle, mais vous avez une expertise aussi à apporter et donc en fonction de chaque activité, on peut apporter quelque chose. Je vois beaucoup de coachs qui proposent leurs services gratuitement en ce moment. Donc dans cette période où tout le monde est bouleversé, on peut tous aider à partir de nos métiers.

Il y a des boulangers, des fabricants de pizzas qui vont amener des choses au personnel hospitalier, par exemple. Chacun a une expertise qui peut mettre sur le marché dans cette période, spontanément et ensuite, à partir de là, commencer à tisser des liens avec d’autres personnes. 

C’est très puissant quand même, parce que cela nous sort un petit peu de notre stress lié au confinement.

Et quand on est stressé, on s’enferme sur soi même.

Plus on est stressé, plus on s’enferme sur soi même. Donc là, plus on va vers les autres, plus ça nous fait du bien. Donc cette année, on remplace un cercle vicieux par un cercle vertueux.

Donc Bernard, dans cette situation de confinement aujourd’hui, comment on peut utiliser ou profiter de cette situation pour pouvoir envisager une reprise dans les meilleures conditions?

Donc nous avons du temps qui nous est donné et qui nous est même imposé. C’est un temps forcé, mais il faut profiter de ce temps. Il faut l’apprécier d’une part pour soi et d’autre part, en profiter pour améliorer ses liens relationnels, pour développer, pour cultiver ces relations, mais d’une façon complètement désintéressée. C’est-à-dire qu’en ce moment, nous n’allons pas développer nos activités professionnelles.

Nous allons simplement développer nos liens relationnels. Ensuite, quand le déconfinement va arriver, il sera toujours temps de reprendre des habitudes plus professionnelles, mais qui auront été favorisés, nourris ? Et qui auront été préparés par cette richesse de qualité relationnelle que nous développons maintenant. Donc il est crucial de le développer maintenant.

Donc cela veut dire qu’on peut en profiter pour instaurer une confiance au-delà tout simplement des codes de connexion, mais vraiment d’aller, comme on disait tout à l’heure. Le fait de partager ses expertises, nos expertises peuvent permettre d’instaurer des confiances entre les gens. Tisser des liens de confiance ?

Voilà ! D’instaurer des liens bilatéraux de confiance, mais désintéressés de façon à ce que l’on ait des interactions qui soient franches et naturelles. 

Très bien, que le message soit entendu par tous. Merci beaucoup, Bernard.

Et puis on se retrouve dans une prochaine interview. Donc on va faire en plusieurs interviews, en petites séquences pour vous livrer et vous partager beaucoup de richesse de ce livre :“Les talents cachés de votre cerveau au travail” et surtout, procurez-vous ce livre. Je vous mets le lien en bas de la vidéo. Merci beaucoup. Et à très bientôt, Bernard.

Merci 

Au revoir !

 

 

 

 

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  1. Covid19 : Entrepreneurs, comment l’entraide vous fera rebondir ? Interview Bernard Anselem – Marie Bodiguian

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