- Marie Bodiguian
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Marie Bodiguian :
On a tous des tics de langage. Enfin, moi la première en tous les cas. Qu’est-ce que tu préconises pour travailler en fait ou lutter contre ces tics de langage ?
Pascal Haumont :
Oui, on a, on a tous et toutes des tics de langage. Donc, vous pouvez commenter en disant quel est le type de tics de langage de Marie.
Marie Bodiguian :
Oh, oui très bien, merci.
Pascal Haumont :
Ou le mien, voilà. Ça crée du commentaire. On fait travailler un petit peu l’algorithme et tout ça : c’est cadeau. Donc, on en a tous et toutes, c’est vrai, et il y a un problème avec les tics de langage quand ils deviennent envahissants. On a tous et toutes fait cette expérience d’être en cours, et puis de noter, au fur à mesure, de compter le nombre de « euh » de la prof d’histoire géo, le nombre de « bon » du prof de math ou le nombre de « en fait » de la prof de sciences naturelles. On ne dit plus sciences naturelles, on dit SVT maintenant. Donc de la prof de SVT, pour les personnes qui ont plus de 35 ans : sciences naturelles. Et donc ces tics de langage, ils sont envahissants. Quand ils sont envahissants, c’est un vrai problème parce qu’on focalise dessus. Le plus courant étant le « euh ». Alors euh bon donc euh, je viens vous parler euh de la prise de parole euh en visio euh. La prise de parole euh en visio, c’est un sujet euh très important. Je ne respire plus. Donc ce tic de langage. Tu vois là, j’ai le « donc » qui est venu plusieurs fois. C’est peut être ça mon tic de langage.
Marie Bodiguian :
C’est vrai ?
Pascal Haumont :
Et oui, tu vois, on en a tous et toutes. Et ce tic de langage, ce qui va être puissant, c’est justement de le remplacer par un silence. Parce qu’on le voit, le silence c’est un outil très puissant. Je l’ai montré tout à l’heure avec Jean-Claude Van Damme. Il y en a qui le font très très bien. Les politiques sont souvent des bons et très bons exemples d’utilisateurs de silences. Barack Obama, Barack Obama, il faisait des silences extraordinaires quoi. I want to tell you about a little girl in Chicago and she’s alone at home.
Marie Bodiguian :
Super accent.
Pascal Haumont :
Merci. Et donc, on remplace ces tics de langage par des silences et déjà, on gagne. Alors évidemment, c’est pas facile parce que les tics de langage sont typiquement des automatismes et les automatismes, c’est très difficile de s’en séparer parce qu’il y a des connexions neuronales qui se sont fait dans le cerveau. Tout automatisme, c’est vraiment des neurones qui sont connectés entre eux et qu’il faut réussir à défaire pour créer des nouvelles connexions neuronales, pour créer un nouvel automatisme, celui du silence. Mais on observe sur une formation, par exemple, que, en faisant cet exercice là, au début, c’est hyper frustrant. C’est : alors donc euh, je, j’ai fait un euh là ? Ben ouais tu as fait un euh. Ah ouais d’accord ok. Donc euh ahh, j’ai fait un euh. Ok d’accord. Et là, je l’ai vu. Bon et puis après j’arrive, j’arrive à le remplacer par mon silence.